L’effet est positif en surface : peu de chômage. L’effet fondamental pose cependant un véritable problème structurel : le manque de main-d’œuvre. Il y a moins de travailleurs pour des entreprises qui vont bien, croissent et ont besoin de personnel. Que va-t-il se passer ? Préparez-vous à gérer les RH de façon totalement différente…
Bien sûr, le Québec flotte sur une embellie économique. Mais la réalité, c’est que nous faisons face à une diminution du bassin de main-d’œuvre active : il y a plus de travailleurs qui prennent leur retraite qu’il n’y a de jeunes pour prendre la relève.
Pas de panique. Au début, les services des ressources humaines tenteront de performer davantage dans leurs pratiques actuelles. Nous nous efforcerons de mieux recruter, plus vigoureusement pour attirer davantage que nos compétiteurs. Nous offrirons de meilleures conditions et une rémunération plus alléchante que le voisin. Nous parlerons « d’expérience employé » pour bichonner le personnel et maintenir la rétention à un taux acceptable. Tous nos concurrents feront de même. Alors combien de temps pourrons-nous tenir le coup à faire plus que ce que nous faisions maintenant ?
S’acharner sur de vieilles recettes ne nous mènera pas loin. Les solutions seront ailleurs. La gestion des ressources humaines devra évoluer et aborder de front de nouvelles pratiques. J’en mentionne deux qui m’apparaissent incontournables.
S’il y a moins de main-d’œuvre disponible, nous n’aurons d’autre choix que de réfléchir aux moyens d’améliorer la productivité de nos organisations. Il faudra faire autant avec moins d’heures de travail. Cela ne sera possible qu’en utilisant systématiquement la créativité du personnel avec l’apport ciblé de compétences externes. La productivité, souvent un sujet tabou dans un environnement syndical, bénéficiera probablement d’un nouveau vocable pour s’immiscer efficacement dans notre quotidien.
La formation scolaire sera aussi touchée. Elle a toujours été une décision individuelle au Québec. Je retarde mon entrée dans le monde du travail pour obtenir un diplôme. Je sacrifie ainsi une rémunération à court terme pour un possible gain salarial après ma diplomation. Toutefois, le taux d’emploi a déjà un effet négatif sur les inscriptions des institutions d’enseignement. Les gens conservent leur poste car un avancement est possible sans s’asseoir sur les bancs d’école. Le Québec et les entreprises souffriront tôt ou tard d’une baisse possible du niveau de scolarisation de la population. À moins que les entreprises s’y mettent, incitées par leur service des ressources humaines. Les entreprises devront explorer des partenariats avec les institutions d’enseignement pour diplômer leurs employés les plus méritants et soutenir ainsi leur progrès. Utopique ? Pas du tout. Le système scolaire allemand et, plus près de chez-nous, l’exemple beauceron, démontrent le contraire.
En 2018, les consultants d’AXXIO ouvrent ce chantier : la gestion des ressources humaines dans une économie du plein emploi. Les deux prochains dîners-conférences AXXIO traiteront de ces conséquences, d’abord sur la rémunération, puis sur la rétention du personnel.